Quand les jeux vidéo brisent le quatrième mur

Le jeu vidéo est vraiment un medium à part. Ça fait plus de vingt ans que je joue, et j’avoue que parfois, je suis sidéré par certaines idées qui sortent de certains jeux. Les plus étonnantes et certainement les plus amusantes surviennent quand le jeu franchit ce qu’on appelle le quatrième mur : en clair, quand le jeu s’adresse directement au joueur (le quatrième mur étant donc l’écran). Voici quelques-uns exemples de jeux qui m’ont parfois vraiment, vraiment surpris (ATTENTION, SPOILERS : si vous n’avez pas joué à un de ces jeux mais souhaitez vous y attaquer dans le futur, ne lisez pas…), en dépassant les limites alors imposées par l’écran…

EarthBound (Super Nintendo)

C’est certainement le jeu de rôle (RPG) le plus bizarre qui soit, et également l’un des plus drôles. En effet, ce jeu sorti en 1994 sur Super Nintendo (et pas vraiment super beau) proposait un scénario non pas situé dans un quelconque monde d’heroic fantasy, mais bien sur notre bonne vieille terre, à notre époque… et on commande un petit garçon, Ness, qui doit se battre contre un vilain n’extra-terrestre qui a décidé de bouffer l’univers. Super classique, mais vraiment drôle, car délirant. Et surtout, le dernier combat (Spoiler, spoiler) ne pouvait être gagné qu’à une condition : en utilisant une commande « Pray » (« Prier »), l’un des personnages réussit après quelques essais à contacter et à toucher par ses prières… le joueur lui-même. Et au final, c’est vraiment le joueur qui effectivement prie pour que ses personnages s’en sortent… Et c’est ainsi que l’on peut battre le gros méchant pas bô. Futé, très futé.

Metal Gear Solid (Playstation, Nintendo GameCube)

Les aventures de Solid Snake en 1999 sur Playstation ont rendu dingue plus d’un joueur… Il faut dire que son scénario hyper alambiqué, conjugué à une jouabilité exceptionnelle et des idées tous les écrans ne pouvait qu’assurer son succès. Et là encore, le joueur est obligé de jouer « hors de l’écran » à deux reprises :
– Assez tôt dans le jeu, Snake doit trouver la fréquence sur laquelle contacter son commandant par radio. Mais pas d’indice vraiment violent… à part sur… la boite du jeu, où figure l’image du commandant avec la fréquence à exploiter !
– Beaucoup plus tard, Snake doit combattre Psycho Mantis, un adversaire cruel et doté de capacités de télékinésie et télépathie. Le combat est très, très difficile, d’autant que Psycho Mantis s’amuse parfois à… éteindre la télévision ! Enfin, pas vraiment, mais la console simule un effet d’écran noir avec un logo AV, faisant réellement croire que la télé est débranchée. Et pour le battre, pas d’autre moyen que de contourner ses défenses psychiques en… changeant l’emplacement de la manette pour la brancher sur le deuxième port de la console ! Et dans la version GameCube, Psycho Mantis s’amuse aussi à commenter les jeux que le joueur possède, en lisant les sauvegardes stockées sur la carte mémoire… Absolument incroyable, et une preuve de plus du génie de l’équipe de Hideo Kojima…

Eternal Darkness (Nintendo GameCube)

Jeu génial dont le succès commercial n’a malheureusement pas été à la hauteur du succès critique, Eternal Darkness sur GameCube propose au joueur de vivre le destin d’une douzaine de personnages, de 26 avant JC à nos jours… Parmi les nombreuses idées du jeu, celle de la jauge de santé mentale est sûrement la plus épatante : à force de voir des vilains monstres en tout genre, le joueur verse petit à petit dans la folie, et quand sa jauge est vide, il commence à avoir des visions, entendre des sons lugubres (pleurs, cris…) ou des effets bien gores (personnage qui explose en lançant un sortilège de soin, murs qui saignent…). Mais surtout, là encore, de drôles d’effets se font sentir directement sur le joueur : manette qui répond à l’envers, télévision qui fait semblant de s’éteindre ou de couper le son, console qui déclenche soi-disant une erreur système (ou pire, qui annonce que le contenu des cartes mémoires a été effacé !), port manette qui ne répond plus… voire un écran bleu façon Windows ! Une façon vraiment géniale d’impliquer encore plus le joueur dans le jeu (et si vous avez une Wii et cherchez un bon jeu « hardcore », n’hésitez pas à le chercher en occasion, ce jeu est une pure merveille !!!).

The Legend of Zelda : Phantom’s Hourglass (Nintendo DS)

Ah, Zelda… J’ai déjà dit plus d’une fois tout le bien que je pensais des Zelda, mais je crois que c’est dans le dernier opus, sorti sur Nintendo DS, que j’ai, je crois, trouvé l’astuce qui m’a le plus scotché dans un jeu vidéo (là encore, MEGA SPOILER si vous lisez la suite !). À un moment précis du jeu, le joueurs se retrouve coincé dans une salle, où il trouve juste une carte avec l’emplacement du prochain lieu à explorer. Sauf que la carte alors trouvée est inversée par rapport à celle du joueur. Et la fée qui accompagne le héros explique qu’il faudrait imprimer l’emplacement indiqué sur la nouvelle carte trouvée sur votre propre carte… Et c’est là toute la difficulté : la nouvelle carte est affichée sur l’écran bas de la Nintendo DS, la votre sur l’écran du haut… Comment donc imprimer le symbole du bas vers le haut ?

Je crois que j’ai bien mis un quart d’heure à réfléchir dans tous les sens. Jusqu’à avoir une intuition, qui m’a fait me dire en même temps que je faisais le geste « non, ça peut pas être ça, c’est pas possible… ». Et pourtant, si, il suffisait de… refermer la console. Les deux écrans sont l’un contre l’autre, ce qui « imprime » la croix du trésor sur l’autre carte. Et quand on rouvre la console, on entend la musique mythique de Zelda annonçant le succès. Absolument magique, et réellement génial.

Il n’y a pas à dire : quand les jeux arrivent ainsi à être si intelligents, à impliquer de telle façon le joueur, ça confine au génie pur. Et rien que pour ça, je crois que j’adorerai encore très longtemps les jeux vidéo.

3 commentaires sur “Quand les jeux vidéo brisent le quatrième mur”

  1. J’ai eu la même expérience avec Zelda. J’ai essayé de dessiner moi-même la marque, j’ai soufflé sur la DS, je l’ai tapoté dans tous les sens et puis un moment, exaspérée je refermé la console…une révélation, je l’ai rouverte et ça marchait. Parfois on se sent très bête…Je ne connais pas les autres jeux, mais je regarderais dans les sites d’occasion, merci.

  2. Que de souvenir pour metal Gear Solid J’en ai passer des heures sur se jeux. Se cacher dans les cartons pour échaper aux gardes m’amuser beaucoup meme si ce n’était pas très efficace.

    Zelda DS est tres bon aussi.

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