Même mise en scène. Même fauteuil. Même présentateur. Et pour certains, le même produit, mais cette fois-ci en version 2. La bonne version, comme aiment à le rappeler les Guignols. Mais un produit qui déjà, dans sa version 1, a révolutionné pas mal d’usages, qui a changé des vies, comme la vidéo d’introduction le montrait. Un iPad 2, pas forcément révolutionnaire, juste « mieux ». Pas mieux que la concurrence, mais juste mieux que le premier. En fait, si, forcément mieux que la concurrence, car… l’iPad est déjà là depuis un an, et son successeur est arrivé ce week-end aux USA.
Et entre temps, qu’a fait la concurrence ? Grosso modo : rien. Oh, oui, il y a bien eu la Galaxy Tab, et la Xoom arrive… Mais comparé au raz-de-marée qu’a été l’iPad, c’est négligeable. Car les constructeurs ont été totalement pris par surprise. Pensez donc : eux qui ont cherché parfois durant des années à faire un PC sous forme de tablette, n’ont pas ENCORE sortis un seul produit capable de la concurrencer. Pas une seule tablette à 500€ capable de faire ce que fait l’iPad. Et encore moins garni d’une bibliothèque de 65000 logiciels dédiés sortis en moins d’un an. Oui, certains étaient des réadaptations de logiciels existant sur l’iPhone, mais une énorme quantité d’entre eux ne pouvaient exister que sur une grande surface tactile. En ajoutant l’App Store pour télécharger ces applications en quelques clics ou « taps », en faisant évoluer régulièrement son logiciel, elle en a fait un produit qui a déclenché un intérêt énorme, et pour beaucoup, une nouvelle façon d’appréhender l’informatique. Mon fils a 2 ans et demi, mais il utilise l’iPad depuis un an, avec une aisance réellement surprenante. Aucun appareil électronique avant l’iPad ne peut probablement se targuer d’avoir une courbe d’apprentissage aussi rapide.
Ce qu’a fait Apple en l’espace de 10 mois est colossal. Mais l’erreur est de croire que tout le travail d’Apple s’est fait en quelques mois : en réalité, c’est un travail de plusieurs années (souvenez-vous de Steve Jobs qui expliquait qu’elle avait commencé par la tablette pour finalement se lancer sur l’iPhone). C’est la mise en place d’une architecture, d’un OS, et en réalité, d’une plate-forme : l’App Store. Le plus grand succès de ces dernières années, ce n’est pas iOS, mais bien la plate-forme de téléchargement menée de main de maitre par Apple.
Mais surtout, Apple a compris quelque chose d’essentiel : aujourd’hui, pour gagner, il ne faut pas se contenter d’annoncer, mais il faut délivrer en temps et en heure. Alors qu’Apple était la reine pour présenter des concepts dans son ère pré-Jobs, elle est devenue beaucoup plus terre-à-terre. La preuve : plus aucun ordinateur-concept n’a été annoncé depuis. Seulement des produits finis et livrés aux clients, en temps et en heure (à quelques exceptions près). Apple ne vend plus du rêve : elle vend du très concret, quitte à ce qu’il semble parfois un peu incomplet. Mais que vaut-il mieux : un produit pas complet à 100% mais qui donne satisfaction à 90%… Ou un produit de rêve qu’on ne touchera finalement jamais ?1. Le plus amusant étant qu’il y a quand même un contre-exemple important à cette règle, avec… l’iPhone blanc, qui n’est pas encore disponible pour des raisons techniques, et surtout je pense à cause d’un besoin de perfection. Pour le coup, Apple a préféré annuler sa sortie que le diffuser dans une forme qui lui aurait semblé de mauvaise qualité… Certains auraient sûrement eu moins de remords, en livrant une tablette incomplète.2.
Il faut voir également un autre point intéressant pour comprendre le succès de l’iPad : Apple ne dépend pas des opérateurs avec ce produit. Ou en tout cas beaucoup moins : pour un téléphone portable, il n’y a pas de choix : l’opérateur est un passage obligé, avec tout ce que ça implique comme conditions désagréables… et encore, Apple permet beaucoup moins aux opérateurs que les autres constructeurs3.
Apple est devenue une entreprise concrète, réaliste. Elle annonce, et elle réalise, parfois le jour même. Elle ne promet pas un produit qui fera monts et merveilles dans 4 mois ou plus, mais elle sort un produit qui fait déjà énormément et très bien dans sa version actuelle. Et que vous aimiez l’iPad ou pas, il est quand même évident qu’il aura tracé une nouvelle fois pour l’informatique des prochaines années.
- Oui, Courier, je te regarde. ↩
- On pourra m’objecter que l’iPad est incomplet parce qu’il n’a pas de port SD-Card fonctionnel ou de Flash. La grosse différence ici : Apple n’a jamais annoncé que sa tablette aurait ces capacités. Que penseriez-vous si vous achetiez une voiture décapotable et qu’on vous annonçait que la capote ne pourrait être ouverte qu’en septembre prochain parce qu’une mise à jour du toit doit être faite ? ↩
- À l’exception très notable des verrouillages sur le mode modem ou désormais le partage Wi-Fi, toujours soumis à ce racket honteux des opérateurs. ↩
Par contre que ton gamin ne l’ai pas encore explosée me plonge dans des abimes de curiosité ;-)
Mais vais attendre la 3 (voire 4), la 2 ne larguant certainement pas la 1
Très bon article.. Honnêtement bravo ! Personnellement j’ai un iPad, mais je vais en changer pour le 2, pas pour les caméras même si c’est un atout mais je vouais déjà changer le mien pour un 3G, et avec plus de capacité de stockage.
J’effectue actuellement un TPE sur Apple, et votre article correspond en grande partie à ce que j’aimerai démontrer, serait-il possible que je m’en sers ?
Vous seriez bien évidemment mentionné comme source. :)
Super article, il résume parfaitement l’ipad ce produit assez incroyable.
Je ne pense pas prendre le 2 et je me réserve plutot pour le 3. Même si le 2 semble être assez génial, mais personne ne dis que je ne craquerai pas entre temps.
Amicalement,
David
@Lucas : pas de souci, juste donner la source et le lien vers l’article, merci.
Très bon article, très réaliste, ça fait toujours plaisir de vous lire.
Merci, surfman.
Tu as raison, évidemment (grumble, grumble,…).
Et franchement, je n’arrive pas à comprendre comment la concurrence n’arrive pas à sortir un vrai truc au moins correct, réel, qui ne coûte pas 30% de plus que l’iPad.
Car pour moi, c’est ça le plus incroyable: Apple oblige les fabricants Asiatiques à baisser leurs prix pour ne même pas arriver à être concurrentiels!!!!
Pour relativiser tout ça, je dirais que de toutes façons, ces histoires de tablettes sont quand-même pour beaucoup du gadgets, à l’heure actuelle. Il va falloir attendre encore plusieurs mois (années?) pour pouvoir comparer les vrais acteurs d’un marché pour l’heure balbutiant. Apple a —encore une fois— montré une voie, mais elle est loin d’avoir un produit vraiment super (comme l’iMac Bondi par exemple) qui pourrait plaire à tout le monde.
Les tablettes sont, pour l’heure, de beaux joujoux (même les tétards peuvent s’en servir donc ;) mais sont loins d’être des outils véritablement productifs. Tant qu’ils ne pourront pas remplacer véritablement les PC portables, ils resteront ce qu’ils sont: des jouets pour riches.
Et ils ne pourront jamais véritablement les remplacer tant qu’ils auront besoin d’y être raccordé au moins au début, pour être configurés (avec tout ce que cela sous-entend en limitation de connectique, de stockage, d’ouverture quoi).
Donc, pour aujourd’hui, la balle est clairement dans le camp d’Apple.
Mais il suffit juste d’attendre un peu que la concurrence cesse de s’agiter sur le côté « gadget rentable » (cash register) et s’attelle sérieusement à ce à quoi pourrait réellement servir une tablette, pour le user.
Je ne doute pas que cela arrivera, et ce jour là, il faudra que les vrais limitations qu’Apple impose aux iPad users aient disparu si elles veut continuer à compter.
Bonne lecture, un aspect du succès de l’IPad qui manque, peut-être, c’est « l’expérience utilisateur qui est radicalement changée par l’OS application-centric ». Nombre de personnes dans mon entourage (beaucoup d’informaticiens…) trouvent intolérables, par principe, de ne pas avoir accès à un explorateur de fichier sur l’Ipad. Mon épouse par contre a mis deux heures à saisir ce que cela changeait pour elle et nous vivons depuis très bien tous ensemble ! Noter que c’était déjà le cas pour l’IPhone, mais j’imagine que cela dérangeait moins car ce n’est qu’un téléphone.
Le point fort de l’article a mon sens, est qu’effectivement Apple ne délivre pas moins de rêve, mais elle le délivre concrètement à peu près dans les temps ! ( @JmG : pour le coup je ne suis pas accord avec vous : Apple n’a pas montré la voie, la firme a plutôt – à mon sens – emprunté un chemin qu’elle seule semble pouvoir suivre, la concurrence sortant des produits déjà « has-been » avec la sortie de l’IPad 2 ).
Alors, oui tout les produits ne disposent pas de toutes les dernières technologies matérielles à la mode, oui la plupart des assemblages n’offrent généralement pas une carte vidéo dernier cri… M’enfin l’ensemble est quand même très homogène et surtout réponds bien à mes besoins, parfois d’une manière assez originale ! Mon point de vue, @JmG, c’est que la balle n’est pas le camp d’Apple, la firme ne jouant pas la même partie que ses concurrentes (encore une fois, la récente présentation de l’IPad 2 a changé la donne), ces dernières par-contre se tirant une balle dans le pied dès lors qu’elles se contentent d’un IPad-like
une de forces de la stratégie d’apple réside dans ce que j’appelerai l’externalisation des services (soit une approche a contre courant des habitudes des fabriquants de matériels) en bref grace l’apple store et une politique ferme en matiere de controle sur la forme (voir même le fond) des programmes offerts sur l’appstore, apple a réussi l’incroyable tour de force de ce reconcentrer sur le materiel laissant aux autres sociétés éditrices le soins de faire la promotion à leur frais des produits Apple.
je n’ai pas trop le temps d’écire la dessus mais un de ces 4 si l’auteur de ce blog y conscent je ferai un (cour) papier sur les stratégies de la servuction (création de service). et sur l’opposition google apple
J’ai le sentiment que les véritables concurrentes à l’iPad sont les tablettes de HP et BlackBerry. Les deux seules dont le constructeur maîtrise à la fois le hardware et le software.
La grande force de l’iPad est cette parfaite intégration. On sent que le matériel a influencé la conception du logiciel et vice-versa. L’iPad est un tout et on oublie qu’il y a deux types de conceptions différentes dans un seul objet.
Les premiers feedback de la Xoom et de la Galaxy est que ce sont des machines qui font tourner un OS pas finalisé. C’est dommage car le hardware est à la hauteur.
Les ingénieurs se sont posé des questions du genre « quel hardware pour faire tourner Android? » au lieu de « Qu’est ce que les gens peuvent faire avec une tablette ? »
J’adore les commentaires définitifs, sur l’aspect jouet de l’Ipad.
J’ai une dizaine de collègues qui utilisent leur iPad en remplacement de leur PC portable, et ceci grâce à Keynote pour faire leurs présentations, Autocad WS, pour consulter des plans, et à Citrix client pour les applications professionnelles.
Je doute donc que des entreprises comme Autodesk / Citrix / et bien d’autres aient du temps et de l’argent à perdre pour développer sur des jouets, d’ailleurs je ne croit pas avoir vu ces logiciels sur Nintendo….